Quelques mois après son lancement, Rejouis a servi plus de 200 clients et rayonne déjà dans toute la France et s’étend chez plusieurs voisins européens. Rencontre avec son créateur, Bénoni Paumier, entrepreneur passionné par l’innovation, la créativité humaine et l'économie circulaire !
En quelques mots, peux-tu nous présenter Rejouis ?
Rejouis est une initiative entrepreneuriale qui vise à rendre l'usage des sextoys plus écologique et accessible. Nous avons mis au point un service de reconditionnement professionnel dédié aux nombreux jouets intimes inutilisés dans le fond de nos tiroirs. Ils peuvent alors échapper à un destin funeste tout en permettant à nos client.e.s d’accéder à différents plaisirs de façon écologique et pour un prix d’achat imbattable !
La marque Rejouis met l'accent sur la voie d'un plaisir conscient. Conscient de la situation environnementale, avec l’idée d’une plus grande responsabilité vis-à-vis des conséquences de nos modes de consommation, mais aussi conscient dans notre approche et nos interactions avec l’autre. Nous souhaitons promouvoir une exploration joyeuse de nos sexualités.
En quoi ce service est-il innovant ?
À ce jour, nous n’avons toujours pas identifié de service similaire, que ce soit en France ou à l'étranger. Notre protocole d’hygiène a été mis au point avec l’aide d’un médecin, pour bien comprendre et identifier les méthodes adaptées à nos contraintes afin d’assurer une qualité sans compromis. Nous avons été conseillés par différents professionnels dans ce développement, et nous utilisons notamment les technologies appliquées pour la désinfection du matériel gynécologique.
Ce travail nous permet de proposer à nos client.e.s une grande typologie de modèles (à batterie, à pile, non-électronique, en matière silicone, en métal, en verre…) pour des prix jusqu'à 70% inférieur au neuf.
Comment est née l’idée ?
Je cherchais depuis plusieurs années à me lancer sur un projet entrepreneurial avec l'ambition de proposer quelque chose de nouveau, qui contribuerait à la dynamique de transition vers un monde plus responsable et convivial. Après avoir exploré un bon nombre d'idées plutôt numériques (vous ne rencontrerez malheureusement jamais Edgar, le Canva du Business plan !), j'ai réalisé que j'avais besoin de travailler sur un projet plus concret, et plus proche de l'humain, de la connaissance de soi et de la relation à l'autre.
C'est là que j'ai retrouvé début 2023 cette idée que j'avais sur une page Notion autour des sextoys de seconde main. En analysant le marché et en pitchant auprès de différents groupes de personnes, il m'est apparu que cette idée qui semblait de prime abord assez folle, avait finalement de bonnes chances de répondre à la fois à un besoin client et un besoin sociétal. En juin 2023, un ami développeur accepte de m'aider à lancer un premier site pour pouvoir tester l'idée directement sur le marché. Dans la foulée, le Dr Desmartins accepte de m'aider à développer le protocole d’hygiène et une petite équipe enthousiaste se forme autour du projet. Rejouis était né !
Quelles sont les valeurs que vous défendez ?
Le modèle de Rejouis s’inscrit dans une démarche écologique, avec un modèle inspiré de l’économie circulaire. Ce mouvement vise à réinventer notre manière de produire et de consommer en tenant compte des inévitables limites planétaires de nos ressources matérielles et énergétiques. C'est une transformation culturelle qui se diffuse aujourd’hui dans tous les secteurs de consommation et de notre point de vue pleine de sens et d'espoir pour l'avenir !
Nous croyons aussi et surtout que chaque personne possède sa propre façon de vibrer et de s’exalter et que ce chemin doit être joyeux, doux et inclusif.
Nous aimons dire qu’il n’y a pas de normes. Pas de sexualité type. Pas de “façon de faire”. Cela peut être avec sextoys ou non. À plusieurs ou seul.e. Selon nos envies, selon le moment. Souvent, un peu ou pas du tout. Ce sont nos choix. Notre intimité.
Après quelques mois d’activité, quel bilan fais-tu ? Quelles sont les prochaines étapes ?
Si le premier site a été mis en ligne en début d'été 2023, le lancement commercial du projet n’a démarré qu’au 1ᵉʳ avril 2024 (sans blague !). Les 10 mois de préparation nous ont permis de définir l’offre, de mettre au point le protocole d’hygiène et de préparer le lancement commercial. Je croyais que c’était une période intense, c’est que je n’avais pas encore vécu l’après lancement !
Nous avons rapidement eu une bonne visibilité grâce aux médias et les ventes ont décollé très vite sur les premiers mois. Ça a été une période super riche, avec de nombreuses sollicitations et le marché a été au rendez-vous. Nous avons alors pu tester différentes hypothèses et ajuster notre modèle lorsque c’était nécessaire, afin de répondre efficacement à cette première montée en charge.
Aujourd’hui, nous entamons une nouvelle phase de communication pour accélérer le développement du projet et valider le modèle. Nous commençons en parallèle à travailler en partenariat avec d’autres acteurs du marché sur des approches complémentaires.
Il s’agira ensuite de passer à l’échelle supérieure, pour nous étendre rapidement là où notre modèle est pertinent. C’est pourquoi nous commençons dès maintenant à identifier et échanger avec des partenaires financiers et opérationnels, et à travailler avec ceux qui participeront avec nous à construire la suite de l’aventure Rejouis.
Qu’est-ce que cela signifie pour toi d’entreprendre dans la sextech ?
Il s’est passé une année entière entre le moment où j'ai commencé à travailler sur l’idée de Rejouis et le moment où j’ai finalement décidé de m’afficher sur Linkedin avec le projet. Il y avait pour moi une véritable barrière mentale à être identifié sur un projet traitant de sexualité. Et pourtant, c’est un sujet qui concerne tout le monde. Quand on prend un peu de recul, il s’agit simplement de se faire du bien !
J’ai vu le même processus se faire au sein de l’équipe Rejouis, et je crois que cette démarche fait émerger un sentiment d’audace que j’apprécie et retrouve dans les entrepreneurs et acteurs de la sextech que je rencontre.
On bouscule les codes, on réinvente et on explore.
Pourquoi rejoindre le collectif STFG ?
En lançant Rejouis j’ai rapidement pu me lier avec d'autres entrepreneur.e.s du secteur avec qui nous échangeons régulièrement sur nos succès et difficultés. Cette dynamique d’entraide m’a apporté beaucoup de soutien, notamment au moment du lancement commercial du projet où ces échanges m’ont permis d’éviter quelques écueils et difficultés propres à la sextech.
Par ailleurs, je crois beaucoup au pouvoir de la coopération, pour innover et développer des propositions de qualité au service de nos utilisateurs et utilisatrices. C'est donc naturellement que nous avons pris contact avec Sextech for good pour rejoindre le réseau.
Un mot sur ta participation à la conférence pendant le Festival ?
J’ai la chance d’intervenir sur la table ronde “Réindustrialisation de la France : pourquoi pas une filière SexTech ?” avec Patrick de Passage du désir et Ilaria de Ma Joie.
C’est un sujet à la fois complexe et passionnant. Avec notre activité de reconditionnement, nous faisons quotidiennement face à des défis techniques, notamment liés à la conception des sextoys. Je crois que créer une telle filière serait une immense opportunité pour faire entrer le secteur dans une logique d’éco-conception, avec une réflexion poussée sur la réparabilité des produits et la recyclabilité de leurs composants.
Il ne faut pas oublier que nous n’avons quasiment pas de matières premières dans notre sous-sol et qu’au niveau mondial, les données scientifiques montrent que nous approchons déjà des limites planétaires concernant bon nombre de matières premières liées au monde de l’électronique.
Nous avons l’occasion de montrer une nouvelle fois que la sextech est un secteur d’innovations à l'avant-garde de l’économie de demain.
Originaire de l’Orne, en Normandie, Bénoni Paumier est un entrepreneur passionné par l’innovation et la créativité humaine. Cet ingénieur en science des matériaux a travaillé plusieurs années dans le secteur de la finance, avant de créer sa propre entreprise de conseil en 2018.
Conscient de la crise écologique en cours, il décide rapidement d’orienter ses activités sur l’accompagnement de projets à impact positif. En 2020 il crée le collectif Yasta visant à sensibiliser le public étudiant à l’environnement et aux méthodes d’innovations frugales.
En 2024, il lance Rejouis, le premier service de reconditionnement professionnel dédié aux jouets intimes. Son objectif : rendre l’usage des sextoys plus écologique et accessible grâce aux principes de l’économie circulaire.
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